mercredi 12 octobre 2011

Horoscope

Chaque matin le même scoop insensé
Mon horoscope, horreur, est inchangé :
Camisole des isolés sans boussole au-dessous des étoiles
Au quotidien les mêmes prophéties péripathétiques
des Cassandres indécentes
putassant les rêves à succès.
Péripéties téléguidées, inconscients piratés
Parasités au hasard des magazines ou du net.
Un non-sens unique pour que les pleutres imitent
la même transe béate d’acceptance bigote.
Pour que les chiens qui s’oublient lèvent la patte

Car toute vaillance défaille
Dans les entrailles de la voyance :
C’est du papier glacé pour les plus frileux
De ces parchemins prémâchés à l’arrière goût de Vichy
C’est le travail de sape des grands conquérants,
le travail de Sartre, et tout ça pour ça…
Un pense-bête  dans le ciel,
pour les Playmobil les plus crédules

Tu crois vraiment que, penchés sur le marbre froid
Des anges boudinés ont dicté du bout des doigts
L’heureux scoop qui t’es  destiné, à Madame Irma :
‘Si vous continuez ainsi, une Grosse Carotte pourrait vous être offerte très prochainement’

Ils ont les appâts sans pitié,
les appeaux des appétits,
Ils sont les apôtres de rien d’autre
Que la Golden Carotte

Au pilori les paluchards de tout poil,
chômeurs, célibataires, à l’abattoir tel hérétiques 
alors gardez la ligne pauvres pêcheurs 
les cinq fruits et légumes,
les slogans à la gomme,
le paracétamol, un parasol mental contre le taux de suicide
car ici  la réussite est sacro-sainte ;
la hiérarchie dans le ciment,
comme un arracheur de dents.
Tandis que d’antiques alligators  
défendent encore la pyramide électrique
Mais la pâte à modeler se rebelle, et pour renverser des pyramides, on a besoin de tes bras. Ca commence par arracher son destin aux alligators, puis déchirer son horoscope :
Alors rendez-moi la lune et rendez-moi mes plumes
Je n’admets nulle Cassandre de mes joies, de mes peines
Je peux déployer mes ailes dans mes propres dédales
Faites comme la page de droite et foutez-vous à poil
Déchirez l’horoscope en riant aux étoiles
Bizutons la Camarde : louanges à ses arcanes !

Doo-wap Doo-wap Doo-wap Doo-wap !!” (Ella Fitzgerald)


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